Mon enfant est en surpoids : comment l'aider sans le priver ?

Lorsque l’on est le parent d’un enfant en surpoids, les sentiments sont multiples : envie d’aider son enfant à retrouver un poids de forme, mais réticence à priver son enfant de ce qu’il aime manger. Les parents se sentent souvent démunis face au surpoids de leur enfant, sans savoir quel discours tenir, ni comment l’aider de la meilleure façon qui soit. Voyons ensemble ici comment alerter son enfant avec toute la bienveillance possible lorsque l’on prend conscience qu’il est en surpoids, quels mots employer dans un objectif de prévention de l’obésité de son enfant et comment agir et réagir face aux comportements alimentaires excessifs de son enfant.

Écouter attentivement son enfant

Avant de tenir des propos d’alerte à votre enfant concernant son poids, laissez-le s’exprimer face à cet état de fait. Votre enfant souffre-t-il dans son corps ? Est-il réticent à aller en cours d’éducation physique ? A-t-il des objections à se rendre à la piscine ? À s’habiller plus légèrement lorsque les beaux jours reviennent ? Si votre enfant ne rencontre aucune difficulté avec son surpoids, et que ce dernier n’est que léger et ne met pas sa santé en danger, peut-être que le moment n’est pas encore venu d’aborder ce sujet avec lui. Si en revanche votre enfant vous révèle qu’il souffre de son apparence, vos intentions sont bonnes et il est temps d’aider votre enfant concrètement au quotidien à se sentir mieux. Dans un premier temps, il est toujours souhaitable de faire intervenir une personne extérieure, à savoir un professionnel de santé tel qu’un médecin, un diététicien, voire un psychologue, pour faire le point sur les réelles difficultés rencontrées par l’enfant et évaluer leur ampleur dans la vie de l’enfant.

Redonner une place d’acteur à l’enfant dans son alimentation

On estime qu’un enfant de moins de 12 ans n’est pas libre du choix de son alimentation. Il n’a pas réellement de liberté sur les aliments qu’il mange et les repas qu’il fait ou non. Cet état de fait perdure même parfois bien au-delà de 12 ans.  Le parent fait les courses et choisit donc les aliments proposés à la maison. Il encourage parfois l’enfant à manger plus, par exemple en lui demandant de finir son assiette ou son pain parce qu’il ne faut pas gâcher la nourriture, en ajoutant parfois au passage que l’enfant mange trop. Ces discours contradictoires mènent à une confusion au niveau de son alimentation dans l’esprit de l’enfant.

Dans un premier temps, il est préférable que le parent voit seul le professionnel de santé. Par des questions ciblées sur la manière dont le parent perçoit le problème de poids de son enfant, le spécialiste sera plus à même d’orienter la prise en charge de l’enfant. Il est essentiel que le parent puisse poser des mots loin des oreilles de son enfant sur ses craintes pour l’avenir de son enfant s’il reste dans la voie du surpoids. Les parents n’ont pas toujours conscience des mots crus et parfois durs qu’ils emploient devant l’enfant, et de comment ceux-ci peuvent l’affecter profondément et durablement. C’est pourquoi se faire accompagner par une personne extérieure dès le début de la prise en charge est fondamental pour agir au mieux et sans blesser l’enfant.

Comment aider son enfant en surpoids ?

Les études montrent que c’est à partir d’environ 8 ans que les enfants sensibles sur le plan alimentaire commencent à compenser des situations mal vécues avec la nourriture. Parents absents à certains repas, ennui, stress lié à l’école ou à une situation familiale conflictuelle, résultats scolaires que les parents réprouvent, des soucis d’entente avec leurs copains, etc., les causes d’inquiétude, même pour un enfant, sont nombreuses. Les parents sous-estiment souvent l’anxiété des enfants, pensant qu’à leur âge la vie est simple et sans souci. Il n’en est rien, certains enfants vivent mal les angoisses du quotidien que nous avons citées et mangent pour compenser ou se faire du bien. Parlez-en calmement avec votre enfant, à un moment propice et bien choisi, et proposez-lui, après l’avoir fait vous-même, de voir un spécialiste pour l’aider à évaluer son rapport à la nourriture. Certains parents sont stupéfaits de découvrir que leur enfant mange en cachette par exemple. Gardez votre calme et ne grondez pas l’enfant : cela serait contre-productif. Proposez-lui un rendez-vous prochainement avec le professionnel de santé et proposez-lui de l’accompagner, ou non, selon son choix.

J’ai plusieurs enfants, mais un seul est en surpoids, que faire ?

Lorsque l’on a plusieurs enfants, que seul un est en surpoids alors que les autres sont de corpulence normale, il est difficile pour un parent de restreindre un seul enfant et de laisser les autres manger comme bon leur semble. Faut-il mettre un seul enfant au régime et l’empêcher de manger certains aliments auxquels les autres auront droit ? Notre réponse est non : la meilleure attitude à avoir est de proposer les mêmes repas à tous les enfants, en adoptant naturellement une alimentation la plus variée et la plus équilibrée possible. Les plaisirs ne sont pas interdits, mais devront être raisonnés, raisonnables et ponctuels. Montrez à tous vos enfants que tous les aliments sont bons, qu’aucun d’eux n’est interdit, mais certains, de par leurs valeurs nutritionnelles, doivent être consommés avec parcimonie. Au goûter, offrez les mêmes aliments à tous : un yaourt et un fruit font un excellent quatre heures. Accompagnez la fratrie dans la différenciation entre la réelle sensation de faim et la simple envie de manger. Expliquez-leur aussi que les besoins changent avec l’âge. Ainsi, Jérémy, 13 ans, n’aura pas les mêmes besoins nutritionnels que Florian, 6 ans et il conviendra donc d’adapter les apports en fonction de chacun.

Prévenir l’obésité chez les enfants avec pédagogie et bienveillance

On compte aujourd’hui en France 18 % d’enfants en surpoids, dont 5 % d’entre eux dépassent le seuil de l’obésité. Bien sûr une alimentation trop grasse et trop sucrée accompagnée d’un manque d’activité physique sont en partie responsables, mais d'autres facteurs viennent expliquer ce phénomène. Des problèmes de sommeil, de classe sociale ou encore des facteurs génétiques peuvent s’ajouter au tableau clinique de la prise de poids. Le Ministère de la Santé a montré que parmi les enfants âgés de 6 ans, ceux issus d’un milieu social défavorisé ont 4 fois plus de risques de souffrir d’obésité qu’un enfant de classe sociale supérieure, avec une proportionnalité supérieure chez les petites filles. Des chiffres inquiétants lorsque l’on sait que 60 % des enfants obèses risquent de devenir des adultes obèses.

La prévention indispensable du surpoids et de l’obésité

La prévention commence par le suivi régulier des courbes de corpulence tout au long de l’enfance et de l’adolescence et le report des données recueillies dans le carnet de santé. Plus les problèmes de poids seront identifiés précocement, plus leur prise en charge sera rapide et efficace. L’adulte a un rôle primordial dans l’éducation alimentaire des enfants, il se doit de montrer l’exemple. Voici les 6 grandes bases d’une alimentation saine à proposer aux enfants :

  1. Consommer un minimum de 3 produits laitiers par jour,
  2. Manger de la viande, du poisson ou des œufs 1 à 2 fois par jour,
  3. Avoir un apport d’au moins 5 portions de fruits et légumes par jour,
  4. Consommer des féculents à chacun des repas : pain, céréales, pommes de terre ou légumes secs,
  5. Limiter les matières grasses et notamment l’huile et le beurre,
  6. Boire de l’eau, unique boisson indispensable au fonctionnement de l’organisme, suffisamment et à volonté.